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Quel serait l’impact écologique des dragons de «Game of Thrones»?

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Par Peter Reafan, le 16/11/2019

Il y a quelques jours, une petite fille nommée Victoria a tenté de soudoyer la Première ministre de Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, pour que celle-ci lance un programme de recherche gouvernemental sur les dragons. Jacinda Ardern a poliment refusé, mais la petite Victoria pourra sans doute se consoler avec les recherches de Matthew Kolodner, Clarissa Xia et Lauren Zhou. Ces trois étudiant·es du lycée Richard Montgomery de Rockville, dans le Maryland aux États-Unis, ont participé au concours national du Consortium for mathematics and its applications, une compétition qui récompense les équipes capables de résoudre des problèmes de logistiques ou de prospective selon des scénarios donnés. Le trio de jeunes scientifiques –ce sont les seuls élèves de lycée à avoir été récompensés– s’est attaqué au scénario le plus fantaisiste de cette édition, à savoir calculer l’impact environnemental de Drogon, Rhaegal et Viserion, les trois dragons de Daenerys Targaryen. Les deux autres défis de la compétition traitaient une urgence réelle, l'un demandait aux équipes de configurer et déployer une flotte de drones pour compléter les chaînes d'approvisionnement médical de secours à Porto Rico, l'autre de construire un modèle qui pourrait prédire la gravité de l'épidémie d’opioïdes aux États-Unis si elle ne diminuait pas. Des risques de déforestation Pour déterminer les conséquences écologiques des dragons, Matthew Kolodner, Clarissa Xia et Lauren Zhou ont analysé leur comportement, leurs habitudes, leur régime alimentaire et leurs interactions avec leur environnement. Après avoir lu les romans de George R. R. Martin, visionné la série d’HBO et passé des heures sur les forums dédiés aux bestioles volantes de l’univers du Trône de fer, l’équipe a déterminé quels animaux réels pourraient être comparables aux dragons de Daenerys, en terme de comportement migratoire ou de densité corporelle. Les ptérosaures, des reptiles volants disparus au Crétacé, et les dragons de Komodo ont servi de modèles, notamment pour déterminer les besoins énergétiques quotidiens des dragons. Résultat: plus d’un million de calories par jour. L’équipe a ensuite déduit la superficie nécessaire pour satisfaire les besoins métaboliques d'un dragon tout en restant respectueux de l’environnement. En examinant les prédateurs au sommet des différents écosystèmes de la planète, elle en a conclu que chaque dragon n'aurait besoin que de 758 kilomètres carrés pour une savane, contre 18.410 kilomètres carrés pour la toundra arctique. Dans une section sur l'intervention humaine, plus précisément sur la logistique de l'élevage durable du bétail destiné à nourrir Drogon, Rhaegal et Viserion, les étudiant·es ont également déterminé qu'un seul dragon aurait besoin de dévorer au minimum 1.798 vaches par jour. Chaque vache nécessite par ailleurs près de 8.000 hectares de terres, ce qui entraînerait sans doute des campagnes de déforestation massive pour créer de nouvelles zones de pâturage, et provoquerait une augmentation significative des émissions de gaz à effet de serre.